Notes de Musicien

La forme thème et variations ou l’art de faire du même un autre

On distingue en théorie la musique dite « savante » (appelée communément « musique classique ») des musiques populaires, mais tout cela n’a pas beaucoup de sens tant les deux se sont mutuellement nourries. Les formes que prennent toutes ces œuvres musicales en sont souvent une preuve. La musique savante a notamment emprunté au répertoire populaire des principes fondamentaux et les a, parce qu’elle est écrite et fixée sur le papier, complexifié, systématisé et développé. C’est le cas des formes qui découlent du principe du thème et variations. Exploration. 


#1 Définition 

Un thème et variations consiste à jouer dans un premier temps une mélodie puis d’en proposer des variations. Ces modifications peuvent être de différentes natures : 

  • mélodique : on modifie le thème, de manière plus ou moins importante (intervalles différents, ornementations nouvelles, complexification de la ligne mélodique…) 
  • rythmique : on modifie les valeurs relatives des notes, de façon homogène ou pas et on peut aussi changer de mètre ; 
  • harmonique : on modifie de façon plus ou moins sensible la tonalité et l’harmonie accompagnant le thème. On peut même passer de majeur à mineur ou de mineur à majeur ! 
  • Timbrale : on peut modifier le timbre en changeant le mode de jeu (pizzicati ou arco, pour les cordes par exemple) ou le ou les instrument(s) qui joue(nt) …

L’auditeur mémorise donc le thème puis peut s’amuser à apprécier toutes les modifications, les altérations, les ornementations qu’il subit. C’est un exercice très satisfaisant pour l’oreille. Mais attention : comme ces divers modes de variations peuvent se combiner les uns aux autres, le thème initial en devient parfois presque méconnaissable ! Souvent, les variations progressent en se complexifiant, ce qui peut rendre la fin très virtuose !

→ Le Challenge : Lorsqu’on apprend un instrument de musique ou que l’on commence à composer, il est possible de réaliser soi-même des variations à partir d’une mélodie simple. Ce peut être un challenge enthousiasmant ; ces conseils vous aideront à vous lancer : 

  1. Repérer d’abord la carrure de la mélodie : combien de mesures ? 
  2. Analyser ensuite le schéma harmonique sous-jacent : quelle est la tonalité ? quelles sont les cadences principales ? Quels sont les différents degrés de la gamme qui structure la phrase ? 
  3. Pour commencer : un thème classique de 8 mesures, réparti comme suit peut faciliter les choses : 

(Antécédent) 4 mesures → demi-cadence →  (conséquent) 4 mesures→ cadence parfaite


#2 Les formes fondées sur le principe de la variation 

La variation, qui est l’un des procédés les plus féconds de la musique occidentale est inspiré du cantus firmus de la liturgie médiévale. Elle a donné naissance à des formes spécifiques. En voici quelques unes qui reposent toutes sur ce qu’on appelle une basse obstinée : une basse harmonique que l’on ne cesse de répéter et sur laquelle peuvent se développer les mélodies.  

  • La chaconne : une forme de danse ancienne, peut-être d’origine mexicaine, venue d’Espagne au début du XVIIème siècle et généralisée dans toute l’Europe au XVII et XVIIIème siècle. Très voisine de la passacaille. 
  • La passacaille : une forme musicale ancienne apparue au XVIIème siècle dans la musique italienne caractérisée par une basse obstinée à 3 temps de 4 ou 8 mesures

Le ground : terme anglais qui désigne aussi une basse obstinée.

Exemple de ground sur lequel peuvent se développer des variations

À l’époque baroque, on parle aussi de doubles. Ils peuvent aussi être ajoutés par un compositeur à un air de base d’un autre musicien, à titre d’hommage, par exemple. Tous ces termes montrent l’incroyable vitalité et le grand pouvoir créatif de ce principe fondamental. 

Les musiciens qui pratiquent le répertoire baroque connaissent donc parfaitement ce principe. Toutes les variations et les ornements n’étant pas notés sur les partitions, c’est dans leur ADN de les improviser et d’en ajouter… tout en respectant le style bien sûr !


#3 Et la danse ? 

Ces formes sont aussi inextricablement liées à la danse. Varier, orner, complexifier est également possible dans l’univers de la danse. Il s’agit de créer ce genre de modifications grâce à tout un éventail de gestes chorégraphiques.  

Petite précision lexiale !  Une variation, dans le vocabulaire de la danse, est précisément une chorégraphie dansée par une seule personne, en solo.

La chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker, Variations Goldberg de Bach © Compagnie ROSAS

# 4 Quelques illustres exemples 

Certaines variations sont considérées à raison comme de véritables chefs-d’œuvre… alors que diriez-vous de découvrir une variation par jour !? Voici pour cela le top 7 des variations dans l’histoire de la musique :

LUNDI : Arcangelo Corelli  et la Folia 

https://www.youtube.com/watch?v=5BPhkY6xIP8

MARDI : Johann Sebastian Bach  et les Variations Goldberg 


MERCREDI : Wolfgang Amadeus Mozart, Air varié sur « Ah! vous dirai-je, Maman » 


JEUDI : Ludwig van Beethoven et les 32 variations en do mineur ; « Variations Eroïca » pour piano opus 35 


VENDREDI : Franz Schubert et son quintette avec piano « la Truite », quatrième mouvement 


SAMEDI : Sergueï Rachmaninov et sa  Rhapsodie sur un thème de Paganini :

… Parce qu’un thème et variation peut être un hommage d’un compositeur à un autre ! 


DIMANCHE : Bedřich Smetana et sa célébrissime Moldau qui a été travaillé comme thème et variations

… Pour voyager dans les montagnes de la Forêt de Bohême ! 


→ Pour un cours complet sur cette forme, avec des exemples pris chez Mozart et John Williams : 


De la musique à la peinture… Les sérigraphies d’Andy Warhol, variations à partir du portrait de Marylin Monroe :


Rédactrice : Calamus Conseil

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