Notes de Musicien

L’histoire de la notation instrumentale occidentale

Vous lisez régulièrement, peut-être quotidiennement, des notes et des rythmes sur une portée… Mais vous êtes-vous déjà demandé depuis combien de temps cette manière d’écrire la musique existe ? Cet article dresse un petit historique de l’histoire de la notation musicale en Occident.


Depuis quand l’Homme écrit-il de la musique ? 

La notation musicale est la transcription sur un support d’une œuvre musicale afin de la conserver, de la diffuser et de l’interpréter ultérieurement et cela existe depuis longtemps, très longtemps… La date précise des premières écritures musicales est toutefois difficile à définir ! Une chose est sûre : les Grecs sont les premiers Européens à avoir utilisé un système de notation et les premières traces de partitions sont datées de 408 et de 405 avant J.-C. Des formes de notations musicales étaient également connues dans l’Antiquité en Asie ;  elles servaient à indiquer des thèmes et des modes, mais n’étaient pas utilisées comme base d’exécution. En Inde, on utilise, depuis le Vème siècle avant J.C, les svara. La pratique de la notation n’est donc pas exclusivement occidentale.


Des neumes médiévaux à la notation contemporaine

La musique européenne se transmet, à l’origine, oralement. Progressivement toutefois, les mélodies chantées dans le cadre des offices religieux vont devenir de plus en plus complexes et de plus en plus longues… Le besoin de les noter, pour mieux les retenir et les transmettre, s’est fait sentir. C’est la raison pour laquelle le développement du chant grégorien correspond aussi à une évolution de sa notation : c’est l’époque des neumes. On appelle neumes  les signes qui sont en usage à partir du IXème siècle et durant tout le Moyen Âge, jusqu’à la généralisation de la portée moderne à cinq lignes.

Au départ, les neumes sont constitués d’un ensemble de points ou d’accents, disposés au-dessus du texte à chanter, et destinés à jouer le rôle d’aide-mémoire. La notation évolue progressivement à partir du XIème siècle siècle, pour poser les neumes sur 4 lignes de portée. Apparaît alors la notation neumatique carrée. Toutefois, on n’y trouve encore ni les barres de mesure, ni les notes modernes. 

Pour plus de précisions : https://fr.wikipedia.org/wiki/Notation_musicale_gr%C3%A9gorienne

Le premier système de notation basé sur les notes de la gamme moderne (do, ré, mi…) fut élaboré par Guido d’Arezzo (992-1033) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Guido_d%27Arezzo


Une histoire de la musique synonyme de précisions dans la notation

À l’époque baroque, toute la musique n’était pas intégralement couchée sur le papier, l’important était de noter l’harmonie et la basse continue.

Pour aller plus loin, nous vous invitons à lire notre article dédié à l’histoire de la musique baroque.

Les ornements de la mélodie et certains effets étaient à la libre appréciation du musicien interprète. C’est donc le XVIIIème siècle, et son goût pour la rationalité, qui a mis de l’ordre dans tout cela et a fixé la notation telle que nous la connaissons aujourd’hui. À partir du classicisme, les compositeurs ont en effet progressivement écrit de plus en plus de choses sur la partition : les nuances, les indications de tempo et de caractère, l’instrument qui doit jouer telle ou telle partie… Au XIXème siècle, toutes ces indications sont alors plus précises. 

Au XXème et au XXIème siècle, les découvertes acoustiques, les évolutions du langage (atonalité, sérialisme…) ont poussé les compositeurs à inventer de nouvelles manières de transcrire certains effets. Si vous ouvrez une partition de musique contemporaine, il est possible que vous trouviez en première page une liste de signes avec leur explication. Certaines éditions sont très belles à regarder, même par simple curiosité, avant même de tenter de décrypter l’œuvre en question ! 

Cornelius Cardew – Treatise, London, Ed. Peters
Faerie’s Aire and Death Waltz, John Stump

Comme une langue, la notation musicale s’est donc enrichie au fur et à mesure des esthétiques et des besoins des compositeurs. Deux tendances opposées se sont renforcées à l’époque contemporaine : 

  • La tendance à la liberté : le compositeur décide de donner une plus grande liberté à l’interprète, qui peut même être amené parfois à improviser certaines parties ; 
  • La tendance à la prescription : le compositeur choisit volontairement une écriture d’une extrême précision avec de très nombreuses indications d’interprétation. 

Il ne faut pas oublier également qu’il existe  d’autres manières d’écrire la musique : 

Côté percussions : Les parties des instruments à hauteur unique ou indéterminée (tambours, cymbales, castagnettes, triangles…) sont souvent écrites sur une seule ligne, puisque seul leur rythme est pris en compte.Les tablatures : Les tablatures constituent un système de notation spécifique à un instrument donné par représentation graphique de la position des doigts (main gauche pour les instruments à cordes) par opposition à la notation de solfège, plus courante, qui indique la hauteur du son, indépendamment de l’instrument. Les formes de tablatures ont varié suivant les lieux, les époques et les instruments. Ce système de notation a été abandonné au cours du XVIIe siècle pour les instruments à clavier mais a perduré jusqu’à la deuxième moitié du XVIIIe siècle pour le luth, le théorbe et la guitare. La notation par tablature a également été remplacée par la notation en solfège pour la guitare à la fin XVIIIe siècle avant sa réapparition au XXe siècle dans le jazz, le rock, les musiques actuelles et les musiques folkloriques.

Les grilles d’accords chiffrés : ce système de notation se présente sous la forme d’une grille se lisant de gauche à droite, de haut en bas, où chaque case représente une mesure pouvant contenir un ou plusieurs accords chiffrés. Il donne des indications d’harmonie mais laisse à l’interprète une totale liberté rythmique et mélodique. C’est une des raisons pour lesquelles ce système est beaucoup utilisé en jazz, il donne aux musiciens la possibilité d’improviser. 

Alors amusez-vous à regarder vos partitions avec un œil nouveau, rien n’est figé, rien n’est acquis. La figure du compositeur qui impose à des musiciens exécutants sa vision de l’œuvre est une réalité moderne qui n’a que trois siècles… 

Tous ces signes graphiques, devenus des conventions, sont les fruits de tâtonnements, d’essais, de trouvailles graphiques, de petites et de grandes évolutions.


Rédactrice : Calamus Conseil

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